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Extrait du journal de Jean Sèque

Vendredi 8 novembre 1918
Il fait beau du matin. C’est la foire, il arrive beaucoup d’animaux. A huit heures, un avion survole Moulins dans le ciel clair.

L’épidémie de grippe ne diminuant guère dans le département, le préfet vient de prolonger encore la fermeture des écoles : une semaine de plus, c’est-à-dire jusqu’au 17 courant. A toutes les heures de la journée, les avions ont survolé la ville de Moulins. Ce doit être de jeunes apprentis qui profitent du beau temps pour essayer leurs ailes.
Beaucoup d’animaux à la foire. Les prix se maintiennent comme aux foires précédentes, c’est-à-dire assez élevés. Beaucoup de monde. On s’entretient de la conclusion de l’armistice avec l’Allemagne et on espère avoir la confirmation de la chose accomplie dans la soirée.
Les denrées du marché couvert ne sont pas plus abondantes qu’aux marchés précédents : pas de beurre ni d’oeufs. Pour le reste, les prix sont toujours élevés. Ce soir, à la nuit, passage sur la route d’un convoi d’autos françaises allant vers le front. Passage dans la journée, en gare, d’un train de blessés et malades et passages de troupes allant vers le front et venant sans doute d’Italie, car ils étaient dans des wagons italiens.
Une dépêche annonce qu’il a été donné aux Boches un délai de soixante-douze heures pour réfléchir aux conditions de l’armistice. Il ne faut donc pas compter sur une réponse avant lundi.
Renée a écrit aujourd’hui à Louis. Si sa lettre met un mois pour le joindre, il faut espérer qu’il ne sera pas loin du retour. Nos troupes avancent de plus en plus et, à la fin du délai donné pour la réponse de l’armistice, il est probable que les Boches n’occuperont pas beaucoup de terrain français.
Extrait du livre Moulins pendant la Grande Guerre, Journal de Jean Sèque Tome 2 – par Sylvie Vilatte – Edité par la Société d’Emulation du Bourbonnais